samedi 31 décembre 2011

Smoking dogz

J’accompagne mon jeune collègue dans son pub favori ce soir. 
Le boulot est très prenant, bien stressant et les distractions sont assez rares dans cette ville minière grise et froide. Je saute sur l’occasion.

La moyenne d’âge se situe autour des 23 ans. Les regards sont interrogateurs. Je dénote probablement.
Ce soir, j’aspire à oublier que les années ont filé pour moi et qu’elles ne m’ont pas exactement apporté le bonheur et la sérénité dont je rêvais quand j’étais vingtenaire moi aussi.
Le pastis m’aide à relativiser. J’enchaine.  Ma descente "professional barfly" revient comme le vélo.
Mon jeune collègue ose me poser des questions personnelles, sans détour mais avec politesse. Il ne drague pas; j'apprécie cette approche simple et claire. Je lui réponds en l’appelant fiston, c’est un jeu depuis le début entre nous.
Il me demande si j’ai quelqu’un dans ma vie et si je me sens bien en ce moment. Il me parle de sa dulcinée, de ses projets de boulot, de sa vie toute devant lui.
Le bar ressemble à une taverne du fin fond du pays de Galles, pleine comme un œuf. L’atmosphère est joyeuse, bierreuse, les visages n’ont pas encore leurs traits définitifs. 
On sent bien que la plupart se cherche encore vestimentairement et capillairement parlant.
La jeunesse n’est finalement pas si flatteuse … Mon petit lot de consolation.

Je pense à un homme, un barbu, dont les traits m’émeuvent.   
Cet amour, torrent en moi, cette odeur qui remue mon cerveau animal.
S'ouvre la pompe à exaltation. 
Le sang circule sous mon tailleur pantalon, mais j’ai envie de rentrer. 
Toute cette jeunesse me lasse. Je n'ai plus envie de parler et de les voir.
Dormir pour mieux oublier.