mardi 10 avril 2012

Son of a bitch

J'ai 15 ans et, avec ma copine, je rejoins mes amis à la Belle de Mai. Il fait chaud et la lumière est blanche. Le trottoir est lui aussi chauffé et exhale des odeurs de ville sale. C'est le mois de mai, il fait bon se retrouver sur la place Bernard Cadenas. Au bout de la rue Loubon, il y a une patte d'oie. En général, on continuait tout droit. On passait devant un petit bar de quartier tout au bord du trottoir étroit. Des Bandidos étaient affalés à la seule rangée de tables possible dehors.
J'ai la tenue du clan: 501, tee-shirt blanc tout simple en coton, Spring court blanches. Rien de mieux que ce jean pour me mouler un super petit cul. Je commence à le savoir, les jambes et le cul sont les piliers de mon sex appeal. Je suis grande et mince, je ne cadre pas vraiment avec les spécimen de nanas du coin. Pourtant je suis aussi italo corse, et ok bon, aussi mezzo viking.
ça fait trois ans que je fume des joints, enfin disons un peu plus qu'à l'occasion. Je fais du basket et pas mal de sport aussi. Je suis une vraie fille garçon manquée. Mes meilleurs potes sont des garçons. Je mets du mascara et j'ai un joli petit minois piquant doux. A cette époque j'ai une vraie tête d’israélienne. Beaucoup me croient juive. Je suis assez grande gueule aussi bizarrement.
En passant devant les Harleys, on entend alors un gros "salut les saucisses" à l'accent pointu du barbare du nord.
Je ne sais pas pourquoi mais cette phrase est restée gravée dans nos deux têtes et on en a ri de nombreuses fois longtemps après.
Aujourd'hui j'ai un ange gardien qui chevauche une Harley noire. Il est toujours là pour moi, prend de mes nouvelles, et me parle comme un père, avec beaucoup de délicatesse et à petites touches. Ce qu'il me dit est toujours très juste, très humain. Je ressens sa grande expérience et sa grande bienveillance à mon égard. Je l'aime aussi beaucoup en retour. La confiance entre nous nous permet de nous dire les choses les plus enfouies, les plus intimes et parfois même les moins glorieuses. Pas de jugement entre nous et pas d'altération de notre lien si particulier.
Les ronflements du moteur me procurent du calme, et l'air circule dans mes poumons. Le paysage défile et la nature est belle. Que cette sensation est bonne, comme je comprends les motards.
C'est peut être pour ça que je me rappelle de cette anecdote.