Oui je cherche à comprendre.
Comprendre pourquoi je ne dompte pas ma vie. Pourquoi à quarante ans, je répète toujours et encore les mêmes erreurs comme une entêtée. Quelle est cette énergie à se détruire, à ne pas se voir et entreprendre des choses pour soi. Pourquoi tant de difficultés en amour alors qu'on a tant d'amour pour cet homme difficile mais beau.
Je ne veux plus me conduire comme jusqu’à présent. Et je ne veux plus laisser personne m’envahir, projeter ses peurs sur moi, m'imaginer telle que je ne suis pas. Je ne veux plus me laisser tourmenter par mes projections sur l'autre et être celle qu'on veut que je sois. Je veux qu'on me fasse confiance, qu'on croit à mes sentiments, qu'on m'autorise des erreurs. Je veux me savoir, je veux être. Dompter mes tyrans et me libérer de leur gouverne. Je m’accueille, je m’accouche. Les contractions sont là depuis plus de 20 jours.
Le travail est difficile. Les jours sont longs et les nuits moites.
La pinède le matin, l'air frais chargé de brumes marines, les oiseaux qui chantent. Je ne pourrai jamais plus vivre en ville. Les plantes et les fleurs qui attendent le printemps, les insectes qui dorment pour la plupart. Moi qui m'émerveille chaque matin de découvrir la mer au sommet de la calanque. J'aime prendre une grande respiration et me laisser faire par le plaisir. Je décolle et je le regarde. Il bouge avec moi qui n'est plus qu'au contact de sa peau. Ma pupille se dilate pour profiter en grand angle. Je suis un animal et toute ma lointaine génétique se mélange avec la sienne. A part manger, boire rien qui s'en approche.
Je pense à ces 10 amants dans ma vie. Et je pense à tous ceux qui ont dû peupler ma vie dans son imaginaire. Pourquoi lui avoir laissé croire que j'avais eu des hommes d'un soir? En réalité, je suis entière et timide: je ne laisse pas grand monde me toucher.
Demain je cours le long de la mer pour libérer mon corps de son empreinte. A contrecœur.
Je respire fort, comme le matin, quand je découvre la mer qui brille en bas.